Ispahan est devenu la capitale des Safavides depuis le règne de Shah Abbas Ier le Grand de 1587 à 1629. Cette cité somptueuse et élégante, connut rapidement une renommée à nulle autre pareille par-delà les frontières. Les voyageurs européens de l’époque la décrivent comme une merveille d’architecture et de raffinement artistique.
Encore à ce jour, les vestiges de la capitale safavide témoignent des splendeurs passées et une locution persane rappelle l’importance et les beautés de cette ville : Esfahan nesf-e-djahan ce qui revient à dire Ispahan, moitié du monde.
Shah Abbas déplaça la population entière de la ville de Djulfa (frontière caucasienne, au nord du royaume) dans sa nouvelle capitale. Cette population d’artisans est à la base des manufactures royales qui allaient produire des exemplaires uniques au monde par leur finesse et la qualité des laines, des présents que les émissaires et ambassadeurs allaient emporter dans leurs caravanes chargées de cadeaux pour chercher les faveurs des grandes puissances politiques de l’époque. Ces tapis devaient à la fois témoigner de la grandeur de l’empire, d’un gage d’amitié bienveillance du Shah et du raffinement de la culture persane trop mal connue.
En 1722, une invasion afghane particulièrement violente et dévastatrice mit fin au règne des Safavides. Ce sera aussi la fin de la production de ces tapis de rêve. Il faudra attendre la fin du 19ème siècle pour que vers 1920 des ateliers reprennent les activités d’antan. Malgré une interruption de deux siècles, comme par miracle, Ispahan a su se replacer d'emblée parmi les plus remarquables productions de la Perse moderne. Une profusion dessins élaborés à figuration végétale, animale ou humaine repartira à la conquête des intérieurs d’occident.